Dès le début du 20e siècle, on avait noté que la durée de vie de certaines personnes pouvait être augmentée par la prise de lait fermenté. Des éléments de ce lait semblaient maintenir certaines bactéries bénéfiques en quantité suffisante, au détriment de bactéries pathogènes. D’où le nom de « probiotiques » donné par opposition au mot « antibiotiques », destinés, eux, à détruire des bactéries.
01 L'arrivée des bactéries dans notre intestin ?
Il faut tout d’abord rappeler que l’origine des bactéries du corps humain est maternelle ; en effet, c’est lors de la vie intra-utérine – donc avant la naissance, que les premières bactéries sont transmises de la mère au futur enfant ; ensuite, lors de la naissance par voies naturelles, d’autres bactéries sont cédées à l’enfant, ainsi que pendant l’allaitement qui va suivre. Et ces bactéries constituent d’abord la flore intestinale.
Cela souligne l’importance de l’accouchement par voies naturelles et de l’allaitement, ainsi que l’importance majeure de la qualité des bactéries transmises par la mère. La formation de cette première flore intestinale chez l’enfant, appelée aujourd’hui microbiote, est essentielle et elle contribue à l’induction de son système immunitaire.
Plus tard, l’alimentation, les médicaments, certaines maladies vont pouvoir modifier la composition de ce microbiote, mais le microbiote originel reste essentiel et il intervient en plus dans la formation des autres microbiotes du corps humain.
02 Les rôles de la flore intestinale.
La flore intestinale apparait chaque jour plus importante qu’on ne le pensait dans le fonctionnement de l’organisme. Elle intervient bien sûr dans le processus de la digestion, et ce rôle est connu depuis longtemps. Mais, et c’est plus nouveau, on sait aujourd’hui qu’elle représente une véritable barrière entre les éléments provenant de l’extérieur (dont l’alimentation) et la muqueuse digestive ; en d’autres termes, elle va filtrer ce qui est absorbé à ce niveau.
Par ailleurs, ce microbiote digestif est en contact avec les éléments nerveux extrêmement nombreux à ce niveau, puisque l’intestin est appelé le « deuxième cerveau » de l’organisme. D’où, par exemple, la traduction digestive de l’angoisse, ou la sensibilité intestinale très importante : les enfants anxieux ont d’abord « mal au ventre »…
Enfin, les rapports avec le système immunitaire local (il existe dans la paroi intestinale de très nombreux éléments immunitaires…) est fondamental : c’est là que nait l’immunité de l’enfant, et c’est là que de nombreuses maladies trouvent leur origine. Par exemple, on sait maintenant que de graves maladies naissent d’un conflit entre la flore et l’immunité intestinale locale.
03 Les cibles des probiotiques
Les microbiotes sont l’ensemble des micro-organismes (en pratique des bactéries) que l’on trouve à divers endroits de l’organisme : peau, bouche, cavité vaginale…et, surtout, tube digestif. Nous l’avons vu, c’est le microbiote intestinal qui est le plus important quantitativement et fonctionnellement.
Quantitativement, on estime qu‘il contient I0 fois plus de bactéries que l’organisme ne comporte de cellules !
Fonctionnellement, nous l’avons vu plus haut, ses rapports avec le système immunitaire et les structures neurologiques de la muqueuse intestinale sont extrêmement importants d’un point de vue physiologique et pathologique.
De plus, la plupart des autres microbiotes du corps sont sous la dépendance de ce microbiote intestinal. Par exemple, le microbiote buccal lui est proche dans sa composition ; de même, le microbiote vaginal trouve son origine au niveau intestinal au moment de la puberté. Chez la femme enceinte, les microbiotes placentaire et mammaire sont alimentés par des cycles qui trouvent leur origine au niveau intestinal.
On sait aujourd’hui que les anomalies de ces microbiotes sont responsables de pathologies , en particulier d’un certain nombre de pathologies allergiques parfois graves, surtout chez le nourrisson et le jeune enfant.
Peut-on améliorer ces microbiotes altérés ?
04 Avantages pour les femmes enceintes ?
Dans ce contexte, l’apport de bactéries pouvant améliorer la composition d’un microbiote altéré, et donc en combattre les conséquences pathologiques, apparait très important. Les probiotiques agissent surtout en modulant le système immunitaire intestinal et ce, dans les deux sens. Ils peuvent, par exemple, augmenter l’effet barrière de la muqueuse intestinale ce qui permet d’atténuer l’impact de la réaction immunitaire en cas d’allergie. Au niveau vaginal, il peut exister des anomalies de la flore (le microbiote) qui favorisent la survenue de pathologies infectieuses comme mycose ou vaginose. Les probiotiques donnés localement ou par voie orale suffisamment tôt pourront éviter la survenue de ces infections.
On peut ajouter les domaines d’études, chez la mère et l’enfant, surpoids, diabète, eczema, mais sans rentrer dans le détail.
Plus récemment, des études ont souligné l’importance des probiotiques pendant la grossesse. En effet, en améliorant le microbiote intestinal de la femme enceinte par un apport de probiotiques, on améliore les microbiotes qui sont en rapport direct avec le futur enfant ou le nouveau-né. Et, lors de ces rapports directs, les éléments transmis de la mère à l’enfant seront des « bonnes » bactéries et des éléments immunitaires plus nombreux.
05 Quelles souches probiotiques choisir ?
La difficulté est de définir un microbiote sain et un microbiote altéré ou déficient. Il n’y a en effet pas de microbiote « idéal » mais des microbiotes très différents d’une personne à l’autre. Cela complique la détermination de la nature des probiotiques à donner pour améliorer le microbiote considéré.
Cependant, il existe quelques points de convergence qui permettent d’agir efficacement. Par exemple, au niveau du microbiote vaginal, on connait les lactobacilles « efficaces » pour protéger de l’infection, et ceux qui le sont moins. On sait que le genre crispatus est un lactobacille très protecteur ; d’autres le sont aussi, mais moins : Janseni, Gasseri ou Iners par exemple. Cela permet de définir les probiotiques à donner en cas de déséquilibre de la flore vaginale.
Chez la femme enceinte, qui va transmettre des éléments de ses microbiotes au nouveau-né in utero, lors de l’accouchement et lors de l’allaitement, il apparait que certaines bactéries sont très favorables à la prévention de certaines pathologies chez le nourrisson et l’enfant. Ce sont essentiellement Lactobacillus rhamnosus et Bifidobactérium lactis, mais d’autres souches peuvent présenter des effets bénéfiques, comme L. Paracasei ou B. Longum.
Donnés par voie orale à la femme enceinte, ces bactéries seront redistribuées vers les microbiotes qui sont en contact avec l’enfant : microbiotes placentaire, vaginal et mammaire. Leur présence aura un effet très favorable sur la prévention d’un certain nombre de pathologies du nourrisson et de l’enfant, en particulier les maladies allergiques ou métaboliques.
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